Rennes Métropole et les logements vacants
Rennes Métropole lauréate de l’appel à candidatures du plan national de lutte contre les logements vacants de janvier 2020 du Ministère du Logement.
Rennes Métropole fait partie, depuis le 4 mai 2021, des 68 lauréats nationaux.
Ce plan a pour objectif d’accélérer, dans les territoires pilotes, la remise sur le marché immobilier (rénovation, location, vente, restructuration) du plus grand nombre possible de logements vacants.
Dans ce cadre, l’ADIL 35 a été missionnée par Rennes Métropole pour assurer une mission d’information, de sensibilisation et d’accompagnement des propriétaires de logements vacants qui le souhaitent.
Être lauréat permet d’accéléré la dynamique de remobilisation des logements vacants, en bénéficiant d’un accompagnement de l’Etat ciblé en développant les solutions incitatives.
Concrètement, Rennes Métropole bénéficie de la solution numérique « Zéro Logement Vacant » (ZLV), c’est un outil facilitant la prise de contact avec les propriétaires, qu’il va être possible d’enrichir pour capitaliser les informations recueillies sur les logements concernés pour le suivi de la remobilisation.
Rennes. Un logement vacant, c’est quoi exactement ?
(Article en ligne Ouest-France)
Dans un contexte de tension sur le logement, mieux comprendre ce que recouvre la notion de « logement vacant » est essentiel pour agir efficacement.
L’article revient sur la définition administrative de la vacance, ses différentes formes (conjoncturelle dites “de marché”) et (structurelle dites “hors marché”) et les enjeux qui y sont associés.
Un article utile pour saisir les contours d’un phénomène souvent mal connu mais au cœur des politiques locales de l’habitat.
Votre interlocuteur
Baptiste Morel
Chargé d'études habitat
Référent Zéro Logement Vacant Rennes Métropole
Pôle Habitat & Territoire (ADIL 35)
Qu’est-ce-qu’un logement vacant ?
Un logement est considéré comme vacant lorsqu'il est inoccupé et n'est ni meublé, ni utilisé comme habitation principale ou secondaire.
On distingue ainsi deux grandes formes de vacance :
- Vacance conjoncturelle : logement momentanément inoccupé, généralement entre deux périodes d’occupation, par exemple après un départ de locataire, dans l’attente d’une mise en vente/location, ou pendant un temps de travaux de rafraîchissement ou de mise aux normes. On parle aussi de vacance “frictionnelle” ; “de rotation” ; de “courte durée'” ou de “marché”. Il est conventionnellement admis que la vacance conjoncturelle correspond à une durée d’inoccupation inférieure à deux ans.
- Vacance structurelle : logement durablement inoccupé, souvent en raison de freins multiples : juridiques (indivision, succession…), techniques (insalubrité, travaux importants), sociaux (logement habité de façon irrégulière), ou économiques (absence de rentabilité, dévalorisation…) parfois sans perspective claire de remise sur le marché. On parle aussi de vacance de “longue durée” ; en ”dureté immobilière" ou “hors marché”. Cette vacance structurelle est conventionnellement associée à une durée d’inoccupation de deux ans ou plus.
Cette distinction est l’aboutissement des travaux menés par le Réseau National des Collectivités mobilisées Contre le Logement Vacant (RNCLV), ayant permis d'établir un consensus sur les seuils de durée distinguant la vacance structurelle de la vacance conjoncturelle. En 2022, ce réseau s’est constitué en association Agir Contre le Logement Vacant (ACLV) à laquelle Rennes Métropole adhère depuis 2023 : En savoir +
La vacance structurelle détenus par les acteurs privés constitue la cible prioritaire du Plan National de Lutte contre les Logements Vacants (PNLV) engagé depuis 2020 pour favoriser la remobilisation du parc privé vacant.
Quel état des lieux ?
Sur le territoire de Rennes Métropole (43 communes) : 2 804 logements du parc privé sont recensés vacants depuis 2 ans et plus, au 1er Janvier 2020 et avant toute campagne de mobilisation des propriétaires. La ville de Rennes en recense à elle seule 1 578. (Source : LOVAC 2021).
Quels objectifs ?
Actions de remobilisation du parc privé vacant inscrites au Programme Local de l'Habitat (PLH) 2023-2028 de Rennes Métropole, éxécutoire depuis Décembre 2023
ASSURER UNE PRODUCTION ANNUELLE DE 5 000 LOGEMENTS SUR LE TERRITOIRE MÉTROPOLITAINAVEC AU MOINS 10 % DE CETTE PRODUCTION ISSUE DU RECYCLAGE IMMOBILIER
Les objectifs portent donc sur la notion de livraisons et pas uniquement sur la construction de logements neufs. Les logements livrés en "recyclage immobilier" le seront sur la base des modèles suivants (liste non exhaustive pouvant être complétée au cours de la mise en œuvre du PLH) :
- Surélévation d'un programme immobilier existant,
- Changement de destination d'immeubles ayant au début du PLH une autre fonction que, celle de l'habitat (bureaux, commerces…),
- Remise sur le marché des logements qui étaient vacants en début de PLH,
- Remembrement typologique, par exemple en créant plusieurs logements de plus petite typologie en partant d'un seul logement de plus grande typologie (intensification des usages),
- Rénovation visant à éviter qu'un logement ne sorte du marché locatif ou ne soit capté par la location touristique.
MOBILISER L’ENSEMBLE DES LEVIERS ET DES MOYENS DISPONIBLES PERMETTANT DE LIMITER LA VACANCE ACTUELLE ET DE RÉDUIRE ACTUELLE ET DE RÉDUIRE LA VACANCE POTENTIEL
Les objectifs relatif à l'action de remobilisation des logements vacants de longue durée :
- Remettre sur le marché 300 logements en 6 ans. Parmi ces logements, la moitié pourraient faire l'objet d'une intermédiation locative auprès de l'Agence immobilière à Vocation Sociale (AIVS),
- Renforcer le développement d'une offre locative abordable dans le diffus en facilitant le conventionnement locatif, poursuivre le suivi de l'évolution de la vacance sur le territoire métropolitain,
- Accompagner la rénovation énergétique des logements de classe énergétique EFG pour les maintenir dans le parc locatif privé après 2034.
Quelle stratégie d'intervention ?
La prospection des propriétaires de logements durablement vacants s’est déroulée progressivement sur une période de deux ans et demi, afin de favoriser un suivi personnalisé et individualisé des propriétaires.
L'accompagnement a consisté à délivrer des informations, conseils, aides pour lever les freins à la remise sur le marché (binôme chargé de mission - juriste fiscaliste). La prise de contact a été menée sur la base des données nationales fiscales de déclaration des propriétaires.
Au total, 2 877 logements recensés vacants de longue durée du parc privé situés dans les 43 communes de Rennes Métropole ont fait l'objet d'une enquête avec des campagnes de prospection menées de Novembre 2022 à Juin 2025.
L'objectif de l'enquête vise à comprendre les raisons de la vacance et d’expliquer les solutions possibles en promouvant les dispositifs incitatifs opérants notamment d'aides à la sécurisation et d'intermédiation locative en faveur de la filière de relogement prioritaire au profit de l'Agence Immobilière à Vocation Sociale (AIVS) de Rennes Métropole.
Un déploiement accéléré déployé en trois temps :
Le centre-ville rennais : premier territoire d’expérimentation
Le périmètre du centre ancien rennais a été retenu comme premier territoire test.
L’opérateur historique de l’OPAH-RU, la SPLA Territoires Publics, a conduit une préqualification sur 259 logements vacants de longue durée afin d’adapter la prise de contact aux opérations de réhabilitation programmées sur le secteur.
Une première enquête a porté sur 192 logements recensés vacants de longue durée. Une vingtaine d’entre eux présentaient un potentiel de remise sur le marché, malgré des contraintes importantes : travaux lourds, blocages juridiques ou faible mobilisation des propriétaires. Menée sur deux mois, cette première campagne a obtenu un taux de réponse supérieur à 50 %, validant ainsi les modalités de prospection mises en place.
Extension à l’ensemble du centre-ville : À l’issue du deuxième trimestre, l’ensemble du centre-ville rennais a été couvert dans le cadre de cette phase d’expérimentation, avec 196 logements vacants de longue durée enquêtés sur le reste du secteur.
En 2025, de nouvelles campagnes de prospection ont également été menées sur le périmètre du centre ancien auprès de 198 logements vacants de longue durée, à partir données LOVAC 2024 basées sur la nouvelle méthodologie de déclaration Gérer mes biens immobiliers (GMBI).
L’enquête sur ce périmètre a enregistré un taux de réponse de 60 %, soit 513 logements. Parmi ces répondants, 47 % (239 logements) ont été confirmés vacants, tandis que 53 % (274 logements) ont été déclarés sortis de la vacance ou n’ayant jamais été vacants.
Au total, 851 logements recensés vacants de longue durée ont été enquêtés sur le centre-ville Rennais.
Ces résultats ont confirmés la pertinence de la stratégie de prospection engagée et ont permis d’affiner la connaissance de la vacance dans le centre ville Rennais, en vue d’un déploiement élargi à l’échelle de la Ville de Rennes et 42 autres communes métropolitaines.
Les quartiers rennais : le déploiement
À la suite de l’expérimentation conduite sur le centre-ville, le dispositif a été déployé dans l’ensemble des quartiers Rennais entre Juin 2023 et Mars 2024.
Cette seconde phase a permis d’étendre la prospection progressivement à un périmètre élargi, pour permettre l'accompagnement des propriétaires de logements vacants volontaires.
Au total, 1 100 logements recensés vacants de longue durée ont été enquêtés sur l'ensemble des quartiers Rennais (hors centre ville). L’enquête a enregistré un taux de réponse de 64 %, soit 693 logements. Parmi ces répondants, 203 logements (30 %) ont été confirmés vacants, tandis que 490 logements (71 %) ont été déclarés non vacants c'est-à-dire sortis de la vacance ou n'étaient pas vacants.
Les 42 communes métropolitaines : l'ouverture
Après l’expérimentation sur le centre ancien puis l’extension au centre-ville et les quartiers Rennais, le dispositif a été progressivement ouvert aux 42 communes de la métropole..
Au total, 926 logements recensés vacants de longue durée ont été enquêtés sur ces 42 communes (hors Ville de Rennes). L’enquête a enregistré un taux de réponse de 66 %, soit 607 logements. Parmi ces répondants, 323 logements (53 %) ont été confirmés vacants, tandis que 284 logements (47 %) ont été déclarés non vacants, c’est-à-dire sortis de la vacance ou n’ayant jamais été vacants.
Quel potentiel de remise sur le marché ?
Sur les 1 814 logements ayant fait l'objet d'une réponse à l'enquête (soit un taux de retour de 63 %), 765 logements (42 %) ont été confirmés vacants de longue durée tandis que 1 049 logements (58 %) ont été déclarés déjà occupés (à titre de résidences principales ou loués) ou avaient fait l’objet d’une vente par leurs propriétaires. Après exclusion des logements irrécupérables : insalubrité irrémédiable, ruine ou démolition, le potentiel de remise sur le marché est estimé à 672 logements, mobilisables à court, moyen ou long terme.
A ce jour, 391 logements font l'objet d'une intention déclarée de remise sur le marché soit 58% des logements confirmés vacants auprès des propriétaires actifs ayant participés aux entretiens, cela représente 61% du vivier à potentiel de remise sur le marché. Ce potentiel s'inscrit dans les objectifs du PLH de remise sur le marché de 300 logements en 6 ans, il correspond à 0,2% du nombre total de logements et 0,3% des résidences principales du parc privé.
À l’issue de deux entretiens d’accompagnement, 75 % des propriétaires interrogés évoquent des causes multiples à la vacance. Dans plus de la moitié des cas (53 %), elle résulte à la fois d’un état de dégradation du bâti et de difficultés à financer les travaux. Près d’un tiers des situations (28 %) sont liées à l’âge des propriétaires ou à des problèmes de gestion, tandis que 6 % relèvent de blocages juridiques (indivisions, contentieux successoraux, etc.).
Sur les 672 logements identifiés comme ayant un potentiel de remise sur le marché, 169 logements concernent le centre ancien rennais, 220 logements relèvent du reste de la Ville de Rennes, et 283 logements sont situés dans les 42 communes métropolitaines hors Rennes.